Et vous, comment vous travaillez ?

Hier soir, Laura m'a demandé si j'avais conscience d'être anormal...
Évidemment, comme tous les fous, j'ai plutôt le sentiment d'être le seul qui soit réellement normal.

Plaisanterie mise à part, la discussion portait sur ma façon de travailler les morceaux. Du coup, je me dis qu'il serait sans doute intéressant de confronter nos points de vue sur le sujet.
Voici le mien.

D'abord, il faut savoir que je ne joue que des morceaux que j'ai sélectionnés. Je ne pourrais pas travailler comme je le fais sur des morceaux imposés.
Je tiens d'ailleurs à souligner la grande compréhension de Laura, à qui je confie le rôle de tempérer mes envies. Je ne sais pas si un autre prof se serait laissé embarquer dans le premier mouvement de la Sonate au Clair de Lune avec un élève qui n'a que 6 mois de piano...
(ceci dit, si elle avait su à l'époque que ça durerait 8 mois, elle n'aurait peut-être pas accepté... ).

Une fois le morceau choisi, je commence par en écouter autant de versions que possible, souvent avec la partition sous les yeux. Pros, amateurs, débutants, peu importe ; le but est de comprendre l'articulation du morceau.
Ma culture en théorie de la musique (solfège, rythme, harmonie...) est proche de zéro. Écouter et comparer est le seul moyen que j'aie trouvé pour comprendre comment fonctionne un morceau.
A l'issue de ce travail d'écoute, je choisis une interprétation de référence (pour la sonate, c'était Wilhelm Kempff) que j'essaie de prendre comme modèle. Au moins au début.

Commence ensuite le travail de déchiffrage. D'abord mains séparées, évidemment. Mais je passe très vite à l'assemblage des 2 mains, puis au travail de la musicalité. Dès que j'ai déchiffré une première phrase, en fait. Je n'avance ensuite sur le texte que lorsque je suis à peu près satisfait du résultat (et Laura vous dira que je ne suis pas facilement satisfait ).
Au fur et à mesure de l'avancement du travail, le début du morceau s'affine, mûrit, devient plus musical et plus maîtrisé. Et ça me sert de socle pour la suite.

Personnellement, je ne vois que des avantages à cette méthode. Le principal étant qu'elle me permet de conserver intacte ma motivation sur de longues périodes, car elle équilibre assez bien le travail sur la technique et celui sur la musicalité.
En revanche, je ne sais pas si elle est plus ou moins efficace qu'une autre...

Au Conservatoire, ma fille doit généralement commencer par solfier le morceau, puis le jouer en entier mains séparées, puis assembler, et seulement ensuite, quand la technique est acquise, travailler la musicalité. Et ce matin, j'ai discuté avec une amie qui me disait qu'elle évitait autant que possible d'écouter les autres interprètes quand elle travaillait un morceau.

Et vous, vous faites comment ?

Je félicite Thierry de lancer un sujet aussi intéressant.. ( pour une fois.... )

C'est vrai qu'issue d'une formation assez classique, je préconise plutôt la méthode d'apprentissage du conservatoire. Mais j'ai appris à innover et surtout à m'adapter a la demande de mes élèves car cela fait partie du rôle du professeur pour moi d'être assez souple en matière de méthodologie, surtout quand il s'agit d'élève adulte.

Je suis fascinée par la patience que peuvent avoir certains de mes élèves concernant l'apprentissage de leur partition. Je ne sais pas comment ils font pour répéter sans cesse le début sans être démangés de passer à la suite..

En tout cas cela prouve qu'ils sont avant tout motivés... A ma grande satisfaction..

bonjour à tous,

L'apprentissage des morceaux. Pour moi, c'est très simple et complexe à la fois!

Je ne suis plus un gamin et quand j'ai débuté le piano il y a un an, j'étais super motivé (toujours autant maintenant!) et j'avais deux objectifs. Apprendre enfin le solfège qui me rebutait depuis longtemps et tenter de jouer des morceaux qui me plaisent bien sûr en fonction de mon niveau.
Les figures imposées, c'est pas trop mon truc (je suis râleur parfois et Laura m'asticote avec ça!)

Au 1° cours, elle m'a joué plusieurs morceaux de débutant et j'ai choisit en fonction de la musicalité et non du niveau de technicité. Ce point est important car cela m'a conduit dans le mur il y a quelques temps

Je suis râleur mais j'écoute beaucoup mon prof (comme au théâtre d'ailleurs). N'ayant au début aucune base technique, j'ai suvi les conseils de Laura à la lettre. Donc solfège (15 mn par jour) et beaucoup de technique pianistique (bien plus que les 20 mn quotidiennes imposées par Laura). Déchiffrage des notes sans musicalité, main droite longtemps, main gauche longtemps et les deux bien après (je suis plus pressé à présent de passer aux deux mains rapidement et c'est un tort). Vient ensuite, les temps à respecter, la musicalité et la cerise sur le gâteau très importante qui est sa patte personnelle. Il m'est arrivé de soumettre à Laura un changement de note ou d'accord qu'elle a accepté ou non.

A présent, avec le peu d'expérience à mon actif, j'écoute beaucoup sur YOU TUBE mes morceaux choisis joués par de bons pianistes et je retiens ce qui me plait le plus. Ce ne sont pas forcément les plus doués qui me plaisent le plus mais ceux qui y mettent le plus d'émotion. C'est super important pour moi, il faut que la musique me transporte plus que jouer bêtement une partition donnée. Mais attention, cela n'est possible qu'après de longues semaines de travail.
La patience est primordiale et je suis pour ma part toujours étonné de moi car ce n'est pas ma qualité principale. Au piano c'est magique, il m'arrive de m'énerver mais je reprends très vite le chemin du travail zen.
Pour finir, je dirais, mais je l'ai déjà écrit que le stress est mon plus grand ennemi pour jouer devant un public. Il faut garder une grande concentration et rester dans sa bulle. Je travaille sur ce problème avec détermination!
Si tout va bien, je jouerais Bohémian Rhapsody de QUEEN le 30 juin lors de l'audition. Je joue ce morceau presque tous les jours depuis des semaines pour arriver à donner une version personnelle de cette chanson géniale que je connais plus que par coeur depuis 30 ans! Si je ne fais pas trop de faute, je trouve ça beau et j'aimerais en faire profiter les autres (3mn 15 environ de partition, c'est long et il y a toujours un moment ou ça coince! Alors, le travail, toujours le travail. On a rien sans rien et je suis très têtu et c'est plutôt une qualité au piano.
J'ai faim de piano, j'ai le virus et je ne suis pas prêt de m'arrêter sauf cas de force majeure!

Courage à toutes et tous